Les îles d’Anir, Esprits, masques et spectacles dans le sud de la Nouvelle-Irlande

ANTJE S. DENNER

Les cultures de la Nouvelle-Irlande, dans l’archipel Bismarck en Papouasie-Nouvelle-Guinée, sont réputées pour les cérémonies extrêmement élaborées qu’elles organisent dans le cadre de cycles commémoratifs s’étendant sur plusieurs années. Dans la moitié nord de la province, les rituels mortuaires donnent lieu à la création de sculptures en bois polychromes très travaillées, appelées malagan, connues des spécialistes et des collectionneurs occidentaux depuis le XIXe siècle. La production artistique du sud de la province n’est pas moins fascinante, mais elle a beaucoup moins retenu l’attention des chercheurs. Dans son expression esthétique, elle prend essentiellement la forme de spectacles composés notamment de chants, créés et interprétés par une maison des hommes, et de dizaines de danses différentes mettant en scène des parures délicates et des masques confectionnés dans diverses matières végétales. Beaucoup de ces formes d’expression artistique sont liées à des sociétés secrètes et sont donc restées, jusqu’ici, peu étudiées et mal comprises. Outre ces dernières, cet ouvrage présente les croyances religieuses et les pratiques rituelles des populations des îles d’Anir – petites îles situées au large de la côte sud de la Nouvelle-Irlande – et contribue ainsi à combler une lacune dans le champ des recherches mélanésiennes. Il examine notamment la manière dont les habitants d’Anir conçoivent leurs relations avec le cosmos et le monde des esprits, relations qui sont à la base des rituels et des créations de masques, de danses et autres spectacles. Tous ces éléments s’inscrivent dans un système de pensée cohérent, et le présent ouvrage s’attache à en décrire les interactions et à en analyser la mise en œuvre, l’efficacité et la signification. Il nous permet ainsi de mieux comprendre la dynamique qui, dans la culture des Aniriens, régit les relations entre l’art, les rituels et une certaine vision du monde.