Les Chepang du Népal

La communauté Chepang est constituée d’environ 70 000 personnes, principalement réparties dans les districts de Chitwan, Dhading et Makwanpur au Népal. Malheureusement, cette population figure parmi les plus désavantagées du pays, avec un accès limité aux infrastructures de base, notamment à l’éducation et aux soins de santé.

Afin d’honorer les ancêtres, les hommes se rasent la tête. Désormais purifiés, ils leur offrent les premières récoltes après la mousson. Chiuri Kharka, Dhading, 2012. Photo Adrien Viel.

Les Chepang ont une histoire ancienne en tant que société de chasseurs-cueilleurs, ayant vécu en semi-nomades jusqu’au début du XXe siècle. Ils ont continué la chasse pour leur subsistance jusqu’aux années 1960. Cependant, leur intégration dans le système des castes indiennes et les changements qui en ont résulté ont considérablement modifié leur société et sa structure. La privatisation des forêts et l’interdiction de la chasse ont précipité les Chepang vers la pauvreté. Leur sédentarisation, plus tardive que celle d’autres groupes, ne leur a pas permis d’obtenir des terres fertiles, les contraignant à cultiver les terres les moins convoitées, difficiles d’accès. Pour acquérir des terres et construire des abris, ils se sont endettés auprès de groupes plus établis, devenant ainsi soumis au servage et obligés de travailler pour les castes supérieures.

Aujourd’hui, les Chepang ont acquis des compétences agricoles, ce qui leur permet de dépendre de leurs propres récoltes. Avec leur sédentarisation, leur rituel de chasse a cédé la place à des pratiques chamaniques liées à l’agriculture et aux saisons. Cependant, en raison de l’absence d’accès aux infrastructures médicales et éducatives, la communauté reste précaire, avec des perspectives d’avenir limitées.

Ram Maya passera plusieurs jours à fabriquer le raksi en distillant du jã̄ṛ, toujours à base de riz pour la nwāgi. Chiuri Kharka, Dhading, 2021. Photo Adrien Viel.

Les enjeux contemporains et les évolutions au sein de la société chepang suscitent de nombreuses questions. Leur vulnérabilité a attiré des missionnaires chrétiens depuis des décennies, entraînant une conversion croissante au christianisme. Dans certains villages, les anciens chamanes chepang se sont convertis en prêtres chrétiens, mêlant leurs anciennes pratiques à de nouvelles. La question de l’identité chepang se pose aujourd’hui, car leur langue est en déclin, laissant place au népali.

Malgré les efforts déployés pour améliorer leurs conditions sociales et économiques, la discrimination persistante limite les opportunités d’emploi, d’éducation et de participation dans les structures associatives et politiques locales.

Cette étude ethnographique sur la population chepang du Népal examine l’évolution de leur mode de vie, passant de chasseurs-cueilleurs à leur situation actuelle, tout en considérant les changements sociaux, religieux et politiques qui ont eu lieu. Elle se penche sur leurs particularités sociales et culturelles, leurs pratiques chamaniques, et d’autres aspects spécifiques de leur culture, y compris leur perception des mondes souterrains et leur pratique traditionnelle de la chasse aux chauves-souris.

La culture des Chepang est fragile, leur langue est en danger, et certaines cérémonies sont sur le point de disparaître. L’objectif de cette étude est de sensibiliser le grand public à cette communauté unique, afin de préserver leur patrimoine culturel immatériel.

Programme de la soirée du mardi 21 novembre 2023 de la Fondation Culturelle Musée Barbier-Mueller

Programme « À la découverte des Chepang du Népal » du 20 au 24 novembre 2023